Deux cérémonies ont eu lieu, au cimetière militaire de la Ville-Haute et au Monument aux Morts. Mardi 11 novembre, la cérémonie patriotique d’anniversaire de l’armistice s’est déroulée, en présence des soldats du 5e régiment de Dragons, dont la Ville est marraine.
» Nous honorons ensemble ce matin, les 331 soldats provinois morts pour la France lors de la première guerre mondiale. Leurs noms et prénoms sont gravés depuis 102 ans et pour l’éternité sur le socle sacré du Monument aux Morts de PROVINS.
Nous étions auparavant face à 113 sépultures, au cœur du carré militaire du cimetière de la Ville Haute. 111 soldats français, 1 soldat écossais et 1 soldat inconnu qui sont morts au champ d’honneur et dont le destin a voulu qu’ils reposent à Provins pour toujours.
Nos remerciements et notre reconnaissance vont aux soldats du 5e DRAGONS dont la présence témoigne de la filiation et du fil qui relient toutes les générations qui ont combattu hier, qui combattent aujourd’hui et qui combattront demain pour la France.
PROVINS n’a miraculeusement subi aucune destruction majeure durant la Grande Guerre. Elle a pourtant été au cœur de cette guerre, du premier au dernier jour.
Rappelons-nous que le 6 septembre 1914, les troupes du 18e corps d’armée font preuve d’une solidité de fer qui permettra de reprendre Montceaux-les-Provins.
PROVINS ne sera jamais occupé. Et c’est cette bravoure qui en est la raison profonde.
Ville de garnison où transiteront des dizaines de milliers de soldats, PROVINS sera pendant 4 ans une base arrière de l’Armée française.
5 hôpitaux de guerre fonctionneront de manière ininterrompue à PROVINS. Au château de Saint-Ayoul, à l’Hôtel Dieu, au Collège municipal des garçons devenu le lycée Thibaut, rue des Jacobins et au quartier Delort, ce ne sont pas moins de 1 000 lits qui sont à la disposition de nos Armées. Des soldats, si nombreux, y sont morts. D’autres y ont été soignés et sauvés.
PROVINS, c’était aussi le siège du Grand Quartier Général du 26 mars 1918 au 30 novembre 1918. Il assura le commandement de l’ensemble du corps de bataille français. Il sera le lieu névralgique où seront prises les toutes dernières décisions qui assureront la victoire.
Au cœur de l’été 1918, eu lieu un évènement qui fit la fierté de tout un pays, et qui fut enfoui dans les pages sombres de l’histoire de la France. Le 18 août, le Président de la République, Raymond POINCARE, en présence de Georges CLEMENCEAU, du Général FOCH, élevé par décret le jour même à la dignité de Maréchal de France, du Général PERSHING, remettra, dans la cour d’honneur du quartier Montereau, la médaille militaire à celui qui, après avoir été l’un des héros de Verdun, abaissera irrémédiablement son propre honneur et l’honneur de la France en collaborant avec l’Allemagne nazie en 1940.
Cette cérémonie intervient 3 mois avant la signature de l’Armistice qui consacre la victoire militaire de la France. Une victoire après 4 années terribles.
Car lorsqu’éclate, au cœur de l’été 1914, cette guerre qui n’est pas encore la Grande Guerre. La France et les Français pensent qu’ils pourront, rapidement, refermer la si longue parenthèse ouverte en 1870 avec la défaite de Sedan.
Les soldats qui répondent à l’Ordre de mobilisation générale sont tous nés après 1870. Tous ont été des enfants de l’école de Jules Ferry. Tous se sont éveillés à la lecture avec le Tour de France par 2 enfants. Ce livre-voyage a façonné les cœurs d’une génération entière qui a, grâce à lui, appris à aimer, profondément, la France. Ils avaient l’amour de la Patrie chevillé au corps.
Au cœur de cet été 14, le destin d’un pays et de millions de Français, qui ne le savent pas encore, va basculer sur l’autel d’une guerre totale. Une guerre totale dont la France sortira victorieuse, mais si profondément abimée.
Abimée par la mort d’un million 500 mille soldats.
Abimée par le désespoir et le deuil portés par tant de veuves et de pupilles de la Nation.
Abimée par des millions de blessés, de mutilés, d’estropiés qui ont vécu les souffrances du combat et qui vivront, pendant des années, des souffrances physiques et morales inouïes.
Abimée enfin car les miraculés pouvaient se reprocher d’être toujours en vie et vivaient avec douleur les regards d’un corps social qui considérait parfois que les vrais héros étaient finalement ceux qui n’étaient pas revenus.
Ce qu’ont vécu les Français, à ce moment précis de notre histoire, relève de l’indicible.
Comment, en ce 11 novembre, ne pas songer à ces héros qui ont servi la Patrie. Comment ne pas songer à leur don de soi et à ce qu’ils ont enduré.
A ce moment de l’histoire européenne, tourmentée à nouveau, certains pensent encore que cet Armistice n’est que le point de départ d’un mouvement de réconciliation et de Paix.
C’est vrai mais ce 11 Novembre, dans la mémoire française, est bien plus que cela. C’est le jour d’abord d’une victoire militaire dont la France peut et doit être fière.
Il nous revient, finalement, en ce jour sacré, ici à PROVINS et dans toutes les communes de France, de faire vivre le lien éternel entre ces soldats victorieux et l’Armée d’aujourd’hui qui défend partout où elle est engagée la Liberté, la Démocratie et la République.
Ce lien, nous devons y veiller scrupuleusement car c’est à ce prix, que la France et les Français sauront demain, si c’est nécessaire, accepter le prix du sacrifice.
Auraient-ils, nos Poilus, lors de la terrible bataille du 22 août 1914, où un soldat est mort toutes les 3 secondes pendant 24h, dans la Marne, à Verdun, dans la Somme, au chemin des Dames, accepté ces sacrifices s’ils n’avaient pas conscience de faire quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes ?
Ce qui est plus grand qu’eux, c’est évidemment la Patrie, la France, ce pays qui les obligeait, les dépassait et les transcendait.
Puisse leur exemple, inspirer les héros français de demain.
Vous me permettrez, en ce jour et ici, 10 ans après, de nous souvenir d’un autre jour de novembre. Le 13 novembre 2015, des dizaines de nos compatriotes ont été, au nom d’une idéologie radicale, les victimes innocentes d’un massacre de masse et d’un terrorisme aveugle et barbare.
Nous pensons à eux. Nous pensons aussi à toutes celles et ceux qui, depuis ce jour et sans relâche depuis, comabattent la menace. Soldats, gendarmes, policiers, unités d’élite, fonctionnaires du renseignement, ils sont les acteurs de ce qui est aussi une guerre. «
Le Maire

